Numéro 2025_47

Bancs publics. Mobilier urbain, solidarité et lien social

En examinant le mobilier urbain, on comprend d’un coup d’œil comment les élus et les habitants les plus influents conçoivent la solidarité avec les personnes les plus fragiles et les plus démunies. Ainsi, par exemple :

• Les diabétiques dont l’état artériel s’est fortement dégradé sont atteints d’une « artérite des membres inférieurs qui réduit leur périmètre de marche à moins de cent mètres. Sans bancs publics, pas de marche.

• Les personnes âgées dont le cœur est affaibli ont du mal à marcher longtemps. Pour pouvoir sortir de chez elles, elles ont besoin de s’asseoir dès que leur cœur fatigue, pour reprendre leur souffle. Sans bancs publics rapprochés, elles ne peuvent plus sortir.

• Les « sans domicile fixe » ne bénéficient plus de la protection d’un logis. Exposés en permanence aux dangers de la rue, ils se déplacent peu et limitent très souvent leur « périmètre de vie » à un pâté de maisons qui les rassure parce qu’ils en connaissent les moindres dangers. Ils ont tendance à coloniser les bancs publics. Dans un pays où les SDF abondent, l’absence de bancs publics traduit une volonté d’exiler ailleurs les SDF ou de les empêcher de s’asseoir en public.

Quand il n’y a pas de bancs publics, il n’y a pas de solidarité et le lien social est très affaibli.

Source : Open Rome, en hommage au Dr Xavier EMMANUELLI, fondateur du SAMU Social, décédé le 16 novembre 2025.

Un clic pour savoir comment avoir un domicile quand on n’en a plus :
https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits/F17317

SDF

Abréviation de Sans Domicile Fixe.

Ceux qui ont un domicile ont souvent du mal à comprendre ceux qui n’en ont plus. En effet :

- Etre SDF incite à se figer dans une attitude compensant le sentiment d’isolement et de marginalité. Les uns se forgent une image d’eux-mêmes de grande endurance : ils ne se plaignent pas et ne demandent pas d’aide, même quand ils pourraient en bénéficier. Les autres mettent en avant leurs maux et leurs malheurs ; ils cherchent toutes les aides possibles, même quand ils n’y ont pas droit.

- Ne pas avoir de domicile modifie les priorités. Chaque matin, premier objectif : savoir où on va dormir le soir. Second objectif : savoir comment on va se nourrir et où on pourra faire ses besoins. Tout le reste passe après.

La notion de guérison est très différente selon qu’on est SDF ou médecin. Les soignants ont tendance à baptiser « guérison » le fait de contrôler l’évolution d’une maladie.
Pour un SDF, guérir signifie ne plus être gêné par les symptômes qui l’empêchent de survivre.

L’hospitalité (mot qui a donné « hôpital ») consiste à offrir un toit, un repas et des sanitaires aux SDF de toutes natures : pauvres, voyageurs, pèlerins, immigrés…

Source : Open Rome

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